Metronomy-The look

 

Un joli tube très british

 

 

Blade Runner : « Comme les larmes dans la pluie »

« J’ai vu tant de choses que vous humains, ne pourriez pas croire,

de grand navires en feu surgissant de l’épaule d’Orion.

J’ai vu des rayons fabuleux, des rayons C, briller dans l’ombre de la porte de Tannhauser.

Tous ces moments se perdront dans l’oublie…comme les larmes dans la pluie… »

 

 

Il n’y avait que Rütger Hauer pour pouvoir être crédible en déclamant de la philosophie sous la pluie en slip sur un toit :

Le sommet du cyberpunk avec une touche Nosferatu fantôme de la nuit

Le chat

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Marseille, printemps 98

C’est déjà presque l’été sur le Vieux port.

Ce vendeur sénégalais allongé au soleil à la façon d’un félin, ne semble pas vraiment concerné par ce qui l’entoure.

Le soir de Mike Powell

1991, Championnat du monde de Tokyo, concours du saut en longueur.

Il y a tout dans ce moment.

 Dès le début on sent qu’il va se passer quelque chose ce soir là.

En apparence, il s’agit d’un duel entre ces deux titans que sont Carl Lewis et Mike Powell mais l’ombre d’un troisième géant et de son record hors norme plane sur les débats. Ce soir là, Bob Beamon, l’homme de Mexico est dans la tête des deux de Tokyo.

Carl est le roi depuis des années, une sorte de Michael Jackson de l’athlé, dans le saut plus encore que dans le sprint. Cela fait 10 ans que personne ne l’a battu dans la discipline. Il a déjà tout gagné plus que tout le monde. Seul le record du monde de Bob lui échappe encore.

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Mais on sait que sur un saut, Mike le bad boy est capable de tout.

le concours commence dans la chaleur de la nuit, une ambiance à la fois feutrée et électrique.

Carl va réaliser une performance unique dans l’histoire du saut en longueur en finissant le concours avec la moyenne hallucinante de 8m 83 sur 5 sauts réussis.  Il est au sommet de son art, intouchable. Frisson…dans un bond de folie, il dépasse même le vieux Bob avec 8m 91. Mais le saut n’est pas homologable en tant que record. Le vent était trop fort au moment où il a pris son appel..

Mike lui cherche à faire le saut qui tue. Mais il n’est pas dans un grand jour et se rate plusieurs fois. Malgré un saut mordu de peu qu’on voyait très loin, la messe est presque dite.

Et pourtant…cinquième essai, il s’envole comme dans un rêve. Que c’est long avant qu’ il ne retombe. On sait que c’est énorme. Une seule angoisse : avoir encore mordu.

Mais non, pas cette fois…la planche est parfaite, le saut est validé et Mike se met à tourner autour du panneau d’affichage tel un fauve en cage. Il est comme un fou en attendant la mesure. Il doit avoir dépassé les 8.91 s’il veut prendre la tête. Une rumeur parcourt le stade et soudain c’est l’explosion…

8m 95 !  Le record mythique de Beamon tombe presque 23 ans après. Il exulte, il saute, il danse, il va et revient…c’est un peu comme si Hector avait finalement terrassé Achille.

 

Mike Powell

 

Au même moment, le visage de Carl se décompose,  Il est KO. et ne peut que se rhabiller. Celui qui voulait être Owens et Beamon à la fois, celui qui finira quatre fois champion olympique de la discipline vient de perdre contre toute attente le plus grand concours de l’histoire du saut en longueur en réalisant la plus belle performance de sa carrière. Cela ne l’empêchera pas de sortir derrière deux derniers bonds stratosphériques mais rien n’y fait. L’exploit qui lui était promis depuis 10 ans revient à un autre. Il ne lui a pas manqué grand chose, 4 cm, un peu de chance avec le vent et peut être le brin de folie de Mike. C’est sa première médaille d’argent aux mondiaux. Son seul métal jusqu’ici, c’était l’or.

Tout est plié. Cette nuit est pourtant loin d’être finie mais elle est déjà gravée dans les annales de la renommée.

 

 

 

C’est tout pourri ! 2 : Gérard Gun

1986 : Top Gun fait un carton au box-office. La chanson du film Take my breath away chantée par le groupe Berlin reste plusieurs semaines dans le top 50.

Notre Gérard Lenorman national ayant flairé le bon coup, a adapté le morceau en français. Il le chante sous le titre Le bleu des regrets.

Et là… on rentre vraiment dans le très haut niveau du tout pourri.

 

Merci Gérard

 

 

Jeune fille de profil, Aristide Maillol, 1890

 

 

 

 

End of the story

Encore un clip en noir et blanc

 

C’est une reprise de French cowboy.

 

J’aime bien la façon un peu destroy dont elle le chante, ça pourrait être une BO de Tarantino.

Mais qui es tu vraiment Michel Strogoff ?

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XIXème siècle en Russie sous le règne du Tsar Alexandre II, les tribus Tartares investissent la Sibérie orientale, mettant en déroute les garnisons russes, dévastant les villages et semant la terreur parmi les populations colons. Les communications sont coupées et le souverain, n’a d’autre solution que d’envoyer l’un de ses courriers d’élite afin de prévenir son frère, le Grand Duc Dimitri, de se retrancher dans Irkoutsk, la capitale de la Sibérie orientale.

 On connaît la suite: c’est un jeune capitaine d’origine sibérienne qui est choisi pour mener à bien cette mission secrète. Il va réussir l’exploit de parcourir plus de 5500 km avec des moyens de fortune dans un pays désorganisé et semé de dangers, en échappant aux tartares qui le traquent pourtant impitoyablement.

   « Michel STROGOFF »paraît en 1871 spécialement pour célébrer la visite du Tsar à Paris. Un Jules Verne à part qui ne donne pas leurs places habituelles aux machines infernales, monstres marins, catastrophes naturelles ou scientifiques visionnaires, mais qui célèbre la force physique et mentale d’un Hercule moderne que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter. Cette littérature en ligne droite est toute dédiée au mythe du super héros et ne s’encombre guère d’autres considérations. Le message s’il n’est pas totalement apolitique, est simpliste : La Sibérie c’est la Russie, point de salut sans l’administration impériale. Le bon Jules obtient d’ailleurs la bénédiction des autorités russes avant la sortie de son roman.

 Le livre connaîtra un succès sans cesse renouvelé et fera dès le début du 20èmesiècle l’objet de plusieurs adaptations au grand écran, pour l’essentiel rien d’inoubliable. On se souvient notamment d’un film médiocre avec Curd JÜRGENS qui incarnait STROGOFF, donnant même un second opus grisonnant style « 20 ans après » aux aventures de l’intrépide capitaine.

 C’’est finalement une coproduction franco-austro-germano-belge réalisée par Jean Pierre DECOURT pour le petit écran qui va donner à l’œuvre culte de Jules Verne, ses lettres de noblesse dans le 7ème art. A l’inverse de roman, c’est le questionnement autour des problématiques de la colonisation et de l’identité culturelle qui est le thème central de ce téléfilm en sept parties diffusé pour la première fois en 1975.

 

http://www.youtube.com/watch?v=47Y1iiLKCe8

 

Pour ce faire, DECOURT dispose des moyens relativement importants pour l’époque et d’un casting de grande qualité. Il fait le choix d’organiser sa narration essentiellement autour de l’itinéraire croisé des 2 couples composés par les quatre personnages principaux du Roman.

Le couple Michel STROGOFF- Nadia FEDOR conserve évidemment la place première qu’il occupe dans le roman. Le téléfilm donne un plus grand relief au personnage de Nadia et aux tensions voir à certaines incompréhensions qui peuvent exister entre cette fille d’intellectuel dissident déporté et le capitaine des courriers impériaux, issu d’une famille de petits colons russes installés en Sibérie. Si ce dernier reste dans la première partie du téléfilm, l’indestructible bête humaine décrite dans le roman, il va progressivement abandonner son costume de super héros pour douter du bien fondé de sa mission.

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Le couple Yvan OGAREFF- SANGARE – beaucoup plus en lumière que dans le roman – est emblématique du carrefour culturel que représente le territoire sibérien à cette époque. A l’inverse du traître à la patrie décrit par Jules VERNE, le colonel OGAREFF est le seul personnage du roman à être animé par un idéal politique. Le moteur de son action est l’instauration d’une république sibérienne. DECOURT fait du « méchant » du roman, un intellectuel complexe à la double culture en lutte contre le totalitarisme et le colonialisme de l’Empire russe. L’homme n’hésite pas non plus à opposer au féodalisme de son allié FEOFAR, une approche égalitaire et humaniste de la lutte pour l’indépendance de la Sibérie, contestant même la vision très traditionaliste des autres tartares quant à la place de la femme dans la société.

 Si SANGARE est tout aussi marginale que son compagnon, la belle voyante tsigane, ni russe ni tartare, ne semble guère concernée par le conflit pour la terre de Sibérie. Plus intuitive et énigmatique, seul lui importe véritablement l’amour sans faille qu’elle porte à OGAREFF. La relation entre l’ex officier de l’armée russe épris de rationalisme et cette fille des grands chemins versée dans les arts occultes, n’est d’ailleurs pas le moindre des paradoxes du téléfilm.

 FF

Tout au long de ce voyage entre Moscou et Irkoutsk, ponctué par l’inoubliable musique de Vladimir COSMA, que ce soit à travers l’avancée de STROGOFF ou celle d’OGAREFF, on ne peut que constater les méfaits de l’impérialisme. Inégalité, pauvreté, souffrance et totalitarisme sont les leitmotivs de ces immenses territoires sibériens pris dans la tourmente de la reconquête tartare. Le courrier du Tsar – supplicié et désormais aveugle ! – en arrive alors à douter de sa mission et de la légitimité du régime qu’il sert :

« – Est-ce cela le droit, pour qui faisons nous cela Nadia ?

Le Grand Duc Dimitri est une canaille et cette Sibérie dans laquelle je suis venu au monde, était aux Tartares. Nous les avons proprement dépouillés ! » On est là complètement hors de propos du STROGOFF original du roman de Verne.

Autre exemple du contre pied fait à Jules Verne, un échange entre OGAREFF et un instituteur russe qui contre toute attente a pris le parti des Tartares

OGAREFF – « Vous n’êtes pas Tartare ? »

L’instituteur – « J’ai pourtant choisi votre camp. L’administration russe a pourri ce pays comme toutes les régions qu’elle touche. Le colosse à des pieds d’argile. La corruption fait des ravages. »

 OGAREFF – « Adieu ami, je me souviendrai de vous »

 

http://www.youtube.com/watch?v=71VGeKkpExY

 

 

Alors pourquoi STROGOFF poursuit-il me direz vous ?  Probablement, cette capacité à ne jamais lâcher par principe, à faire le job quoi qu’il advienne parce que c’est dans son ADN. Au fond, il s’agit du drame de tous ces militaires embarqués dans des enjeux qui les dépassent.

Au bout de la route reste l’inoubliable confrontation finale entre STROGOFF et OGAREFF devant la porte d’Irkoutsk. Le premier après avoir terrassé le second, refuse qu’il soit qualifié de traître par un Grand Duc pour lequel il ne ressent au final plus que mépris.

Le Grand Duc – « Je regrette qu’il soit mort. Il méritait une mort beaucoup plus cruelle. Il n’y a pas de mort assez dure pour les lâches de son espèce »

STROGOFF – « Ce n’est pas un lâche, il est mort en héros »

Le Grand Duc – « Capitaine, je m’étonne que vous défendiez un traitre »

STROGOFF – « Il n’est pas traitre celui qui reste fidèle à son idéal jusqu’au bout »

 Nous aussi commencions à sortir du simplisme du roman et à apprécier ce militant d’OGAREFF.

KK

 Bien entendu, les thèmes suggérés par DECOURT font largement écho aux préoccupations politiques de la fin des années 70. Guerres de décolonisation, explosion des nationalismes, réforme agraire…sont en filigrane de cette très belle adaptation. Quant à la description d’une administration russe impérialiste et corrompue, elle n’est pas sans rappeler le régime soviétique déjà sur sa fin même si à l’époque personne n’envisageait l’effondrement à venir.

Force est de constater aujourd’hui que l’analyse est toujours d’actualité et que la problématique de l’impérialisme russe dépasse la nature du régime en place dans le pays.

 

Un mot sur les acteurs tous formidables :

 Le regretté Raimund Harmstorf campe un inoubliable Michel STROGOFF, à la fois virile, secret et fragile. Lorenza Guerrieri est une Nadia sensuelle et pleine de caractère. Rada Rassimov donne une nouvelle dimension au personnage de la belle Sangar. Quant à Valeri Popesco, il incarne un Yvan OGAREFF racé, complexe et bien différent de la caricature du traître créé par Jules Verne.

 

Même si avec le temps, la mise en scène a un peu vieilli, ce téléfilm reste toujours la meilleure adaptation libre à l’écran du Roman et bénéficie désormais d’un petit cachet rétro qui le laisse revoir avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. C’est aussi l’occasion de rendre hommage à Jean Pierre DECOURT, pionnier et réalisateur majeur du petit écran français.

 

Dommage qu’il soit bien difficile de trouver ce téléfilm faute d’une édition DVD.

C’est tout pourri mon Basilou !

Une nouvelle rubrique, certains diraient c’est kitch, moi je dis c’est « tout pourri ».

La preuve :

Le genre de truc que pouvaient se permettre les stars de l’OM à l’époque

Certes c’est tout pourri mais imaginez si c’était Jérémy Morel et André Pierre Gignac.

Champagne urbain

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Marseille,

femme accroupie se substituant aux fonctionnaires municipaux

 

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Strasbourg,

femme accroupie sur une tortue