Fanny Bastien, plus sombre est la lumière

 

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Elle aurait pu être une star mais elle a préféré rester une saltimbanque. A la fois troublante, discrète, raffinée et lumineuse, à plus de cinquante ans Fanny Bastien est toujours aussi envoûtante que déroutante. Lire la suite

C’est tout pourri 12 ! : Joëlle Mogensen Chez Danièle Gilbert

On ne pouvait pas nier au groupe « Il était une fois » un vrai talent pour faire des tubes qui collaient à leur époque, même si parfois c’était justement franchement pégueux. Après tout, c’est quand même à eux qu’on doit la fameuse envolée lyrique sur les draps qui s’en souviennent.

Quant à Joëlle Mogensen, chanteuse du groupe et probablement la véritable star ultime de la variétoche française des années 70, elle savait se sortir à son avantage de toutes les situations, même des plus toutes pourries.

Démonstration culte avec ce direct de midi première ou elle est affublée d’un accoutrement infâme et propulsée avec ses acolytes dans un décor qui fait penser à un concours de l’eurovision en Lettonie dans les années 70. Bref…du bon vieux tout pourri bien de chez Danièle.

Et malgré cet environnement particulièrement hostile, Joëlle nous sort un « viens faire un tour sous la pluie » plus qu’honorable avec un sourire ultrabright, en arrivant à ne pas faire pétasse et sans oublier de déclencher son fameux « woooouuuu, viens faire… »

 

 

Trop classe Joëlle !

Il va foutre le Waï ! Charlie à Droit de réponse

Au début des années 80 tout le monde n’était pas Charlie, c’est le moins qu’on puisse dire. L’hebdomadaire est à l’époque dirigé par Cavanna et Choron qui sont dans la transgression permanente et n’attirent pas le bobo de droite comme de gauche. Le nombre d’abonnés devient trop faible et le journal ne bénéficie d’aucune recette publicitaire. Tant est si bien qu’à la fin 1981 il doit s’arrêter.

Début 1982, Michel Polac qui depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir pratique une autre forme de transgression dans son émission Droit de réponse, invite l’équipe de la rédaction de Charlie mais aussi le rédacteur en chef de Minute, Gainsbourg, Renaud ou encore Jean François Kahn. Fumée et alcool à gogo sont aussi de la partie. Le cocktail s’avère explosif. Tout ce joli monde va foutre le waï et se foutre sur la gueule.

 

 

Et oui, ça décoiffé le premier Charlie,

 

 

 

Gali l’alligator

Une pub française pour une chaîne de télé câblée. Plus fort que Disney channel !

 

 

Il va foutre le waï ! : Godard au 13h de TF1

Nouvelle rubrique avec en premier épisode, une démonstration de déstabilisation tout en douceur de Godard.

D’évidence, le chroniqueur Cinéma de l’époque ne fait pas le poids.

Panda

Une pub égyptienne : le concept est assez simple : si tu n’achètes pas, tu morfles. Ce qui est drôle, c’est la répétition et le côté orange mécanique du panda.

 

True detective

La  lancinante ballade d’intro de la géniale série de HBO par The Handsome Family

C’est tout pourri ! 7 : Galactica 78

Un exemple de « c’était mieux avant » même si c’était tout pourri .

La race humaine a migré dans l’espace depuis la planète mère de Kobol et s’est divisée en 12 colonies. Mais les Cylons, un peuple cybernétique, attaquent les colonies et cherchent à détruire l’humanité. Après une longue guerre, une trêve est en cours de négociation. Alors que les humains pensent signer la paix, les forces Cylons attaquent et détruisent les 12 colonies laissées sans défense. Le commandant Adama, commandant du croiseur « Battlestar Galactica » avait prévu la traîtrise des Cylons.  Il ne pourra défendre les colonies, mais parvient à sauver son vaisseau de guerre et constituer à sa suite une flotte de vaisseaux civils qui hébergent tous les rescapés des colonies. Traqué par les Cylons, ce reste d’humanité fuit dans l’espace à la recherche  du berceau mythique de l’humanité : la Terre.

 C’est le thème de Battle Star Galactica 2003,  probablement ce qui s’est fait de mieux dans le genre série SF : Une humanité paumée dans l’espace, au bout du rouleau et à la recherche de son identité, des personnages ambigus, complexes et torturés, des scénarios sans concession qui s’intéressent à ce qui se passe dans la tête des personnages plutôt que de nous resservir le space opéra habituel et le tout avec un excellent casting.

 

 

BSG 2003 est toutefois un remake de la série Galactica sortie en 1978. C’est bien à cette dernière que revient le mérite de l’idée initiale de cet exode spatial. Pour le reste et malgré la musique culte d’ouverture, nous sommes bien dans le tout pourri seventies post Star Wars.

 

 

des scénarios ennuyeux, des personnages convenus, des effets spéciaux à budget limité, des ordinateurs de tout poil, des robots en plastique, des décors en carton, des costumes kitch, des brushings  et des bruitages improbables.

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Mais c’était quand même mieux avant hein !

C’est tout pourri ! 4 : Jésus est né en Provence

Un Tout pourri spécial Noël. Robert Miras bien sûr. overdose garantie. J’adore cet enregistrement. On entend le 45 tours qui craquelle

 

Mais qui es tu vraiment Michel Strogoff ?

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XIXème siècle en Russie sous le règne du Tsar Alexandre II, les tribus Tartares investissent la Sibérie orientale, mettant en déroute les garnisons russes, dévastant les villages et semant la terreur parmi les populations colons. Les communications sont coupées et le souverain, n’a d’autre solution que d’envoyer l’un de ses courriers d’élite afin de prévenir son frère, le Grand Duc Dimitri, de se retrancher dans Irkoutsk, la capitale de la Sibérie orientale.

 On connaît la suite: c’est un jeune capitaine d’origine sibérienne qui est choisi pour mener à bien cette mission secrète. Il va réussir l’exploit de parcourir plus de 5500 km avec des moyens de fortune dans un pays désorganisé et semé de dangers, en échappant aux tartares qui le traquent pourtant impitoyablement.

   « Michel STROGOFF »paraît en 1871 spécialement pour célébrer la visite du Tsar à Paris. Un Jules Verne à part qui ne donne pas leurs places habituelles aux machines infernales, monstres marins, catastrophes naturelles ou scientifiques visionnaires, mais qui célèbre la force physique et mentale d’un Hercule moderne que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter. Cette littérature en ligne droite est toute dédiée au mythe du super héros et ne s’encombre guère d’autres considérations. Le message s’il n’est pas totalement apolitique, est simpliste : La Sibérie c’est la Russie, point de salut sans l’administration impériale. Le bon Jules obtient d’ailleurs la bénédiction des autorités russes avant la sortie de son roman.

 Le livre connaîtra un succès sans cesse renouvelé et fera dès le début du 20èmesiècle l’objet de plusieurs adaptations au grand écran, pour l’essentiel rien d’inoubliable. On se souvient notamment d’un film médiocre avec Curd JÜRGENS qui incarnait STROGOFF, donnant même un second opus grisonnant style « 20 ans après » aux aventures de l’intrépide capitaine.

 C’’est finalement une coproduction franco-austro-germano-belge réalisée par Jean Pierre DECOURT pour le petit écran qui va donner à l’œuvre culte de Jules Verne, ses lettres de noblesse dans le 7ème art. A l’inverse de roman, c’est le questionnement autour des problématiques de la colonisation et de l’identité culturelle qui est le thème central de ce téléfilm en sept parties diffusé pour la première fois en 1975.

 

 

Pour ce faire, DECOURT dispose des moyens relativement importants pour l’époque et d’un casting de grande qualité. Il fait le choix d’organiser sa narration essentiellement autour de l’itinéraire croisé des 2 couples composés par les quatre personnages principaux du Roman.

Le couple Michel STROGOFF- Nadia FEDOR conserve évidemment la place première qu’il occupe dans le roman. Le téléfilm donne un plus grand relief au personnage de Nadia et aux tensions voir à certaines incompréhensions qui peuvent exister entre cette fille d’intellectuel dissident déporté et le capitaine des courriers impériaux, issu d’une famille de petits colons russes installés en Sibérie. Si ce dernier reste dans la première partie du téléfilm, l’indestructible bête humaine décrite dans le roman, il va progressivement abandonner son costume de super héros pour douter du bien fondé de sa mission.

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Le couple Yvan OGAREFF- SANGARE – beaucoup plus en lumière que dans le roman – est emblématique du carrefour culturel que représente le territoire sibérien à cette époque. A l’inverse du traître à la patrie décrit par Jules VERNE, le colonel OGAREFF est le seul personnage du roman à être animé par un idéal politique. Le moteur de son action est l’instauration d’une république sibérienne. DECOURT fait du « méchant » du roman, un intellectuel complexe à la double culture en lutte contre le totalitarisme et le colonialisme de l’Empire russe. L’homme n’hésite pas non plus à opposer au féodalisme de son allié FEOFAR, une approche égalitaire et humaniste de la lutte pour l’indépendance de la Sibérie, contestant même la vision très traditionaliste des autres tartares quant à la place de la femme dans la société.

 Si SANGARE est tout aussi marginale que son compagnon, la belle voyante tsigane, ni russe ni tartare, ne semble guère concernée par le conflit pour la terre de Sibérie. Plus intuitive et énigmatique, seul lui importe véritablement l’amour sans faille qu’elle porte à OGAREFF. La relation entre l’ex officier de l’armée russe épris de rationalisme et cette fille des grands chemins versée dans les arts occultes, n’est d’ailleurs pas le moindre des paradoxes du téléfilm.

 FF

Tout au long de ce voyage entre Moscou et Irkoutsk, ponctué par l’inoubliable musique de Vladimir COSMA, que ce soit à travers l’avancée de STROGOFF ou celle d’OGAREFF, on ne peut que constater les méfaits de l’impérialisme. Inégalité, pauvreté, souffrance et totalitarisme sont les leitmotivs de ces immenses territoires sibériens pris dans la tourmente de la reconquête tartare. Le courrier du Tsar – supplicié et désormais aveugle ! – en arrive alors à douter de sa mission et de la légitimité du régime qu’il sert :

« – Est-ce cela le droit, pour qui faisons nous cela Nadia ?

Le Grand Duc Dimitri est une canaille et cette Sibérie dans laquelle je suis venu au monde, était aux Tartares. Nous les avons proprement dépouillés ! » On est là complètement hors de propos du STROGOFF original du roman de Verne.

Autre exemple du contre pied fait à Jules Verne, un échange entre OGAREFF et un instituteur russe qui contre toute attente a pris le parti des Tartares

OGAREFF – « Vous n’êtes pas Tartare ? »

L’instituteur – « J’ai pourtant choisi votre camp. L’administration russe a pourri ce pays comme toutes les régions qu’elle touche. Le colosse à des pieds d’argile. La corruption fait des ravages. »

 OGAREFF – « Adieu ami, je me souviendrai de vous »

 

 

 

Alors pourquoi STROGOFF poursuit-il me direz vous ?  Probablement, cette capacité à ne jamais lâcher par principe, à faire le job quoi qu’il advienne parce que c’est dans son ADN. Au fond, il s’agit du drame de tous ces militaires embarqués dans des enjeux qui les dépassent.

Au bout de la route reste l’inoubliable confrontation finale entre STROGOFF et OGAREFF devant la porte d’Irkoutsk. Le premier après avoir terrassé le second, refuse qu’il soit qualifié de traître par un Grand Duc pour lequel il ne ressent au final plus que mépris.

Le Grand Duc – « Je regrette qu’il soit mort. Il méritait une mort beaucoup plus cruelle. Il n’y a pas de mort assez dure pour les lâches de son espèce »

STROGOFF – « Ce n’est pas un lâche, il est mort en héros »

Le Grand Duc – « Capitaine, je m’étonne que vous défendiez un traitre »

STROGOFF – « Il n’est pas traitre celui qui reste fidèle à son idéal jusqu’au bout »

 Nous aussi commencions à sortir du simplisme du roman et à apprécier ce militant d’OGAREFF.

KK

 Bien entendu, les thèmes suggérés par DECOURT font largement écho aux préoccupations politiques de la fin des années 70. Guerres de décolonisation, explosion des nationalismes, réforme agraire…sont en filigrane de cette très belle adaptation. Quant à la description d’une administration russe impérialiste et corrompue, elle n’est pas sans rappeler le régime soviétique déjà sur sa fin même si à l’époque personne n’envisageait l’effondrement à venir.

Force est de constater aujourd’hui que l’analyse est toujours d’actualité et que la problématique de l’impérialisme russe dépasse la nature du régime en place dans le pays.

 

Un mot sur les acteurs tous formidables :

 Le regretté Raimund Harmstorf campe un inoubliable Michel STROGOFF, à la fois virile, secret et fragile. Lorenza Guerrieri est une Nadia sensuelle et pleine de caractère. Rada Rassimov donne une nouvelle dimension au personnage de la belle Sangar. Quant à Valeri Popesco, il incarne un Yvan OGAREFF racé, complexe et bien différent de la caricature du traître créé par Jules Verne.

 

Même si avec le temps, la mise en scène a un peu vieilli, ce téléfilm reste toujours la meilleure adaptation libre à l’écran du Roman et bénéficie désormais d’un petit cachet rétro qui le laisse revoir avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. C’est aussi l’occasion de rendre hommage à Jean Pierre DECOURT, pionnier et réalisateur majeur du petit écran français.

 

Dommage qu’il soit bien difficile de trouver ce téléfilm faute d’une édition DVD.