C’est tout pourri 14 ! : Star Crash ou l’art du space spaghetti

En 1976 Star Wars invente le space opéra au cinéma. Le premier volet de la saga qui se poursuit toujours après plus de 40 ans obtient un succès planétaire fulgurant. Un véritable défi pour Cinecitta qui en ce temps là est le sanctuaire de la photocopie toute pourrie des westerns et autres péplums américains. Si les producteurs italiens n’avaient jamais vraiment cru dans la SF tout est désormais différent. Vont voir ce qu’il vont voir ces putains d’amerlocs !

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Le côté obscur de la pub

Une pub comme seuls les islandais peuvent en faire.

Alien version viking, Toutes les forces déchaînées (enfin presque) de la nature sont convoquées pour faire la pub d’une bière brassée avec l’eau d’un glacier local.

Manque que l’aurore boréale. Impressionnant !

 

 

 

 

 

C’est tout pourri 10 ! : Spider-Man 1977

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On ne présente plus Spider-man. Le super héros créé par Marvel au début des années 60, a profondément renouvelé le monde des comics américains.

Un héros qui a les pouvoirs d’une araignée, incarné par un adolescent gringalet, premier de la classe, qui accumule les problèmes de cœur et d’argent, et se ballade à son temps perdu de toit en toit accroché à un fil dans un costume improbable, ce n’était pourtant pas gagné d’avance.

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C’est Tout pourri ! 8 : Flashhhhhh ahaha !!

 

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Il s’agit de l’ adaptation pour le cinéma sortie en 1980 du vieux comic strip Flash Gordon –Guy l’éclair (ou Leclerc ?) en français- créé en 1934 par Alex Raymond -quatre ans avant l’avènement de Superman- Cette oeuvre restera à n’en pas douter,  l’une des plus grandes réussites assumées de crétinerie et de mauvais goût de l’histoire du cinéma. A tel point que cela en fait un archétype culte du tout pourri dont l’univers graphique reste à ce jour inégalé.

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Flash Gordon happé par un « vortex continuum temps » se voit propulsé en compagnie de Dale Harden, une belle journaliste et de l’étrange docteur Zarkov, dans un monde dominé par l’infâme empereur Ming, une belle ordure prête à détruire la Terre…. Attention, on parle quand même d’un gars qui dans le civil est quaterback des New York Jet et se ballade tout le temps avec un tee shirt  floqué  à  son nom !

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Le film de Mike Hodges servi par quelques grands acteurs probablement en difficulté sur le plan fiscal (Max Von Sydow, Ornela Mutti, Timothy Dalton ) et par Danilo Donati, le directeur artistique attitré de Federico Fellini, dégage une émotion flamboyante unique.

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   Il faut dire que rien n’a été laissé au hasard : les dialogues à la philosophie minimaliste du genre OOUAAAAAI VIVE FLAASH ! ON A GAGNE GRACE A LUIIIII, les décors en carton qui donnent l’impression d’avoir été finis au posca, les effets spéciaux qui ont 20 ans de retard sur le premier Star Wars, les accessoires ouvertement en plastique, des scènes de guerre massive réalisées avec au moins…une dizaine de figurants –peut-être douze-, les costumes tout droit sortis de la grande parade de la gay pride, sans oublier la musique de Queen qui aurait pu représenter une faute de qualité mais qui  fait en sorte de ne pas dénoter avec l’ambiance générale de débilité profonde de cette œuvre majeure – hommage à Freddy pour sa capacité d’adaptation-

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Cerise sur le gâteau, l’adéquation entre l’ambiance esthétique du film et sa dimension psychologique dont les relents sadomasochistes ne sont pas sans rappeler certains péplums italiens de série Z.

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Bref…la plupart des scènes et images de cet écrin cinématographique sublime resteront à jamais dans nos mémoires, que ce soit la scène où Flash improvise un ballon de football américain pour mieux dégommer les sbires de Ming,

 

 

l’improbable duel sur la plate-forme d’épieux entre le Prince Barin -Timothy Dalton- et notre héros interprété par Sam J. Jones qui malgré ses muscles et son brushing joue comme une patate, ou encore la charge héroïque finale du  footballeur sans peur et sans reproche à la tête de l’armada des hommes-oiseaux.

 

 

 

Que du bonheur pour ceux qui auront décidé de ne pas regarder un film moins pourri, c’est-à-dire un autre – n’importe lequel.

Merci Guy…SI quelqu’un vend le tee-shirt original floqué Flash, je suis preneur.

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Métal Hurlant

Au commencement, Métal Hurlant est une revue de bande dessinée française fondée dans les années 70 par les Druillet, Moebius et autres futurs grands noms de la BD pour adultes. Les américains sont fascinés par ce nouveau souffle et créent leur propre version de la revue : Heavy Metal.  Le film animé long métrage canadien  du même nom qui sorti en 81 est directement inspiré de ces deux publications.  Son réalisateur, Gerald Potterton, est une figure de proue de la vague du dessin animé alternatif des années 60.

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Dans le contexte de l’époque où Disney et les longs métrages pour enfant sont quasiment les seuls produits proposés en salle dans le domaine de l’animé, ce film fait l’effet d’une petite révolution. Dans la logique des revues éponymes, il intègre tous les éléments qui dans les deux décennies qui suivent vont faire déborder la bande dessinée et l’animation de la sphère enfantine. Même si son graphisme n’est pas toujours d’une qualité irréprochable et que la fluidité de l’animation peut parfois laisser à désirer, Métal Hurlant n’en reste pas moins très novateur pour son époque, tant par les techniques utilisées qui annoncent l’ère numérique, par sa puissance visuelle, par les musiques qui composent sa B.O, que par sa liberté de ton dont on peut se demander si elle serait encore possible actuellement.

Le film est composé d’une suite d’histoires reliées par l’interaction d’une sorte de perle verte maléfique (coucou Jack Vance !) appelée le Loc-Nar. Il décline et mélange ainsi avec bonheur tous les ingrédients qui caractérisent cette nouvelle BD des années 70 (cyberpunk, dérision, héroic fantasy, érotisme, gore, science-fiction …).

 

La dernière séquence consacrée à Taarna est probablement la plus onirique du film. Le personnage féminin au centre du scénario tranche avec les autres histoires qui même appréhendées au second degré peuvent laisser une impression sexiste.

Taarna, la guerrière sans faille chevauchant une sorte de ptérodactyle légendaire, est un mélange subtil entre le chevalier Galaad et le Clint Eastwood des Sergio Leone  Elle ne parle jamais mais incarne le bras armé de la Justice dans un monde où cette dernière ne peut s’appliquer que par le glaive…tout un programme. Le personnage est manifestement inspiré de l’Arzach de Moebius publié entre 75 et 76.

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La scène du vol, du bain et de l’habillement est tout particulièrement inoubliable. Elle met  en scène un rituel de purification, de transformation et de préparation de la guerrière avant le combat. Sa  puissance évocatrice réside dans sa capacité à allier poésie, mysticisme et érotisme. Tous les éléments de la vieille tradition littéraire occidentale du héros y passent : le pèlerinage, la quête, le sanctuaire, la pureté, l’épée de justice, la sublimation…

La qualité visuelle et la capacité de cette scène à intégrer l’ensemble de ces thèmes avec une esthétique renouvelée en font à la fois un morceau d’anthologie du cinéma et une oeuvre clef de l’héroic fantasy.

 

 

 

 

 

« Défendre : tel est le pacte. Mais quand la vie est bafouée, qu’elle perd toute valeur, alors défense devient vengeance ».

Une mention spéciale au décor qui semble être une sorte de centrale nucléaire désaffectée englobée par le squelette d’un gigantesque dragon qui serait venu mourir dessus. De là à penser que notre héroïne fait trempette dans une piscine de stockage de combustible pour aller récupérer son costume en latex… ! Peut être que finalement c’est dans ce bain si spécial que se trouve le sens premier du titre du film ?

Dégage (de la Terre) du Milieu Peter !

J’ai vu le 3ème volet du Hobbit. Pauvre Tolkien, méritait pas ça…

Il est vraiment tout pourri ton film Peter, va te lire un livre de JRR.  Tu comprendras que Tolkien c’est pas comme un jeu de baston sur PS4 avec une orgie d’effets spéciaux de merde et des elfes aux oreilles pointues (les elfes de Tolkien n’ont pas les oreilles pointues) !

En sortant du ciné, qu’une envie : relire quelques lignes de l’auteur du Seigneur des anneaux afin d’oublier le wargame dégoulinant de Peter Jackson et retrouver un peu de la magie de la Terre du Milieu, celle qui a marqué plusieurs générations de lecteurs et ouvert la voie à un nouveau genre littéraire.

Je me suis donc replongé dans la légende que je préfère, celle des enfants de Hurin ( Narn i chîn Hurin). Tolkien avait déjà abordé le sujet dans  Le Silmarillion et un chapitre lui était également consacré  dans  ses contes et légendes inachevés. Plus récemment Christopher Tolkien qui depuis plusieurs décennies s’efforce d’exhumer et de publier l’importante matière laissée par son père, a consacré un volume entier aux enfants de Hurin. Il s’agit de la version la plus achevée de ce récit, probablement l’un des plus étranges qu’ait pu créer Tolkien.

Dans  cet opus posthume, on se retrouve donc dans le bruit, la fureur et l’obscurité du premier âge de la Terre du Milieu, des milliers d’années avant l’époque de Bilbo le hobbit ou du Seigneur…. Comme le titre le laisse supposer, Il est question de la Maison de Hurin, seigneur des hommes de Dor Lomin et tout particulièrement de son fils Turin Turambar, le maudit.

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Dès les premières pages, il est évident que dans la famille Tolkien, on ne rigole pas avec l’oeuvre du patriarche –prend ça dans ta gueule Peter !-. La narration est construite dans le plus grand respect de ses écrits et de ses intentions. L’abondance des notes en fin de volume laisse entrevoir l’ampleur du travail fourmi par le fiston qui incontestablement apporte encore au charme de cette légende.

Turin est certainement le personnage le plus complexe et le plus torturé de l’oeuvre et de l’univers de Tolkien. Seigneur déchu et quasi orphelin, errant dans une époque troublée, il est en quête de son identité mais aussi d’une inaccessible rédemption. Il y a un peu d’Oedipe ou de la malédiction des Atrides dans son destin à jamais marqué par le meurtre et l’inceste.

Ce n’est pas un hasard si la vie d’adulte de Turin commence juste après le grand fait de son temps, les larmes innombrables, bataille décisive ou les hommes et les elfes se voient irrémédiablement défaits par Morgoth, le premier seigneur du mal. Turin au contraire des 9 marcheurs de la communauté de l’anneau, ne change pas l’Histoire par ses hauts faits. Il a même toujours un temps de retard sur elle, forgeant son mythe dans des combats d’arrière garde et ne faisant au final que subir l’engrenage des événements.

La narration dépouillée portée par une écriture simple, première même, est en parfaite harmonie avec l’époque reculée, les terres sauvages et l’ambiance crépusculaire dans lesquelles s’inscrit le récit. Elle installe le lecteur dans l’étrange lenteur d’un âge mythique où le temps n’en finit plus de s’échapper à petits pas.

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Tolkien a imaginé Les enfants de Hurin alors qu’il prend part sur le sol français aux combats sanglants de la première guerre mondiale. Difficile de penser que ce contexte n’est pour rien dans la cruauté et le désespoir qui président à l’histoire et notamment au destin de Turin. C’est pas vraiment de la dark fantasy non plus… plutôt de la dépressive fantasy.

L’une des forces du conte réside dans ses personnages secondaires qui sont d’une humanité poignante, y compris les elfes (sic!).  Hurin, contraint de contempler en spectateur impuissant la chute de sa lignée, Mîm, le nain à la rancune tenace, Gwindor, l’elfe brisé, Glaurung, incarnation visionnaire du mal, Sador, le vieux compagnon d’enfance ainsi que le valeureux Beleg Cúthalion qui sacrifiera sa vie d’immortelle pour Turin, contribuent tous à donner à ce texte une authenticité toute particulière.

Quant aux femmes, elles sont enfermées dans le même paradoxe que dans le Seigneur des Anneaux. A la fois des vecteurs essentiels de l’intrigue mais condamnées à subir, qu’elles soient mère, sœur ou amante. Seule Eowyn du Seigneur… a valeur d’exception dans la galerie des héroïnes de la Terre du Milieu mais son état de vierge guerrière laisse à penser que sa féminité est le prix à payer pour qu’elle puisse devenir maîtresse de son destin. Cela à de quoi laisser songeur sur la vision des femmes que pouvait avoir Tolkien.

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Les Enfants de Hurin est donc un très beau texte laissant deviner hors champs du récit, un vaste univers qui ne demande qu’à se découvrir plus avant à l’occasion d’autres œuvres du maîtreComme la plupart des grandes légendes, celle-ci sous couvert d’une certaine naïveté, réveille en nous quelques interrogations fondamentales mais aussi des peurs enfouies. A découvrir pour ceux qui veulent comprendre l’essence de la Terre du Milieu et aller plus loin que Bilbo qui malgré sa notoriété, n’en reste pas moins une oeuvre que son auteur considérait comme assez secondaire.

Il reste maintenant à souhaiter que Peter Jackson n’ait pas la mauvaise idée d’un nouveau film – mais pourquoi pas venant du Del Toro du Labyrinthe de Pan ?– à partir de cette matière restait vierge jusqu’ici de toute adaptation cinématographique. On peut avoir bon espoir dans la mesure où personne n’a acquis les droits du Silmarillion et que les légendes qu’il contient semblent très difficilement adaptables aux canons des blockbusters actuels : trop d’états d’âme et pas assez de castagne pour ce bon vieux Peter.

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