Le jour où le football est mort

Barcelone, 5 juillet 1982, Italie – Brésil, match qualificatif pour la demie-finale de la coupe du monde

Le Brésil disposait de l’un des plus beaux milieux de terrain de l’histoire du foot.

La flamboyante Seléção de Télé Santana emmenée par le génial Zico donnait l’impression d’être invincible.

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En face, la Squadra azzurra qui au regard de ses misérables prestations du premier tour, semblait à des années lumières du niveau de jeu des Auriverde.

Et il fallait une victoire aux italiens pour se qualifier alors que le Brésil pouvait se contenter d’un match nul.

Bref..,, c’était déjà plié. Il n’y avait d’ailleurs pour s’en convaincre qu’à se souvenir lors des précédents matchs, du famélique Paolo Rossi qui se traînait sur le terrain.

Comment ce joueur suspendu pendant deux ans et tout juste sorti de prison suite à sa condamnation dans l’affaire du totonero, pouvait-il espérer faire quoi que ce soit contre les extraterrestres du ballon qu’étaient les brésiliens de 82 ?

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Mais Paolo Rossi n’était pas un simple joueur de foot, c’était un roman…et on ne peut pas gagner contre un roman.

L’araignée souriante, Odilon Redon, 1881

 

 

 

Miss White and the drunken piano

Ça le fait trop  !

 

On la remet un coup ?

La Légende des chevaliers aux 108 étoiles

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Cette série oubliée fut diffusée à partir de 1977 sur TF1, alors chaîne publique. C’est la première production japonaise qui débarqua en France. Son exotisme et sa singularité fascinèrent nombre de gosses aujourd’hui quarantenaires et contribuèrent à diffuser durablement l’imaginaire nippon auprès du grand public français.

De ce conte féodal relatant les exploits d’une coalition de rebelles en lutte contre la corruption du gouvernement et des hauts fonctionnaires de la cour de l’empereur de Chine, on se souvient d’abord de la figure de Ling Shun, l’homme qui va plus vite que le vent (juste parmi les justes), de la truculente trame musicale du générique et surtout de la légende de la stèle aux 108 étoiles racontée par une voix off au début de chaque épisode.

http://www.youtube.com/watch?v=UqsAye_EiA0

 La série qui faisait donc figure d’OVNI dans l’univers télévisuel français de l’époque, était en fait une adaptation de l’une des plus grandes oeuvres de la littérature chinoise. Il s’agit du roman d’aventures « Au bord de l’eau » (« Shui-hu-zhuan », en chinois, littéralement « le récit des berges ») tiré de la tradition orale chinoise, compilé et écrit par plusieurs auteurs, mais attribué généralement à Shi Nai’an (XIVème siècle).

Ce récit fait partie des quatre grands romans classiques de la littérature chinoise, avec l’Histoire des trois royaumesle Voyage en occident et le Rêve dans le pavillon rouge. Sa notoriété est telle que de très nombreuses versions ont été rédigées.

Le roman s’ouvre sur une période de crise de l’immense Empire Chinois. Nous sommes en 1058, sous la dynastie des Song, et les épidémies ravagent le pays. Inondations et incendies viennent aggraver la situation et jeter le Fils du Ciel lui-même dans l’émoi. C’est alors qu’un ministre formule une recommandation : appeler un saint homme, Zhang le Parfait, Grand Maître du Tao et descendant des Han, au secours de la nation.

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 C’est au grand maréchal Hong Xin que reviendra l’honneur de quérir le prêtre pour qu’il vienne célébrer dans la capitale les rituels destinés à écarter les fléaux. Hélas, Hong Xin tombe dans les pièges tendus par le saint homme pour tester sa détermination. C’est ainsi que cédant à son impulsion, il fait desceller une stèle enfouie depuis des siècles, stèle grâce à laquelle les grands maîtres taoïstes ont emprisonné 108 rois-démons dont ils ont débarrassé la Chine. A peine l’acte sacrilège commis, 108 rayons s’échappent dans un bruit de tonnerre et se transforment en autant d’étoiles. Terrifié, le maréchal ne dit mot de ses aventures mais les 108 forces déchaînées vont dès lors mettre la Chine à feu et à sang, semer le désordre et ébranler les fondements mêmes de l’autorité impériale. On ne le découvrira qu’à la fin du roman, mais les 108 astres se sont incarnés dans les merveilleux héros du roman, formant la bande qui deviendra immortelle sous le nom des chevaliers aux 108 étoiles. A noter la similitude entre la légende de la boite de Pandore et celle de cette stèle.

Nous sommes donc «au bord de l’eau», dans la moiteur des marécages et des forêts, en compagnie de tout ce que le pays compte de hors-la-loi et de bateleurs, de mendigots et insurgés, de proscrits et vagabonds. Autant de justiciers, autant de maquisards au cœur généreux qui, de vendettas en embuscades, assaillent les palais des riches, pillent les convois d’or, détroussent les mandarins et les fonctionnaires véreux, empalent les bonzes corrompus, portent secours à la veuve et à l’orphelin. Ils s’appellent Tourbillon Noir, Bras de Fer, Tête de Léopard, Démon du Couperet, Tigre Bleu, Abrégeur de Jours, Licorne de Jade, Scorpion à Deux Têtes ou Brave la Mort…; leur devise : «Agir à la place du ciel», leur morale : une fraternité instinctive qui ne s’encombre jamais de respecter un ordre social injuste, leur religion : l’insurrection permanente.

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Voilà pourquoi Au bord de l’eau n’est pas un simple western oriental, si truculent soit-il : souvent censuré dans le passé, ce brûlot est un bréviaire de la subversion, un hymne à la résistance. Même si nos 108 héros combattent l’ordre établi, ce ne sont pas forcément des enfants de chœur aux principes infaillibles, leur révolte incarne avant tout un choix de vie, celui de la clandestinité . Pour faire référence à des personnages du folklore historique européen, nous sommes assez proche de Mandrin ou encore des Haîdouks.

Pour en revenir à la série, même si le jeu des acteurs est outré, les effets spéciaux tout pourris, que la mise en scène respire le kitch et qu’elle ne reprend que partiellement toute la profondeur de l’arrière plan poético-politique du roman, elle est une vraie réussite dans la mesure où elle a su préserver cette part de magie, cette identité particulière qui caractérise les œuvres phares de la littérature. Avec Au bord de l’eau, nous sommes bien dans la catégorie de L’Iliade et l’Odyssée, de Don Quichotte ou encore des Misérables…, celle des grandes fresques essentielles dans une culture parce qu’elles ont débordé du seul cadre de la littérature pour devenir des mythes qui ont traversé les âges.

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Le roman  fait l’objet d’une traduction française de grande qualité publiée chez folio en deux énormes tomes. Par ailleurs, plusieurs projets de film sont à l’étude à Hong Kong. La série existe en DVD seulement en version anglaise mais bon…on peut trouver l’épisode 1 en version française ici :

Melancthe

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Marseille, fin des années 90 argentique

J’ai le souvenir qu’elle était très grande, avait des cheveux incroyables et qu’il émanait d’elle une élégance presque anachronique. Je crois qu’elle ne s’intéressait pas vraiment à l’étalage mais était perdue dans ses pensées. Son détachement m’a rappelé le personnage du roman de Jack Vance d’où le nom que j’ai donné à cette photo.

1980, USA VS URSS : « Miracle on Ice »

Le monument de l’histoire du Hockey sur glace

Jeux Olympiques de Lake Placid :

contre toute attente l’équipe nationale des USA composée de jeunes universitaires inconnus s’impose au bout de la nuit et d’un match inoubliable devant la dream-team soviétique de l’époque pourtant réputée imbattable.

L’ambiance dans la patinoire est totalement hors norme et permet aux américains de faire le match de leur vie face aux joueurs de légende de ce qui fut probablement l’une des plus grandes équipes de l’histoire de ce sport. Les USA seront dominés pendant toute la rencontre mais vont revenir avec l’énergie du désespoir par trois fois à la marque avant de prendre l’avantage dans le dernier tiers temps.

Cette victoire inouïe dans un contexte international particulièrement difficile pour les Etats Unis (les otages d’Iran, l’invasion de l’Afghanistan, le boycott des jeux de Moscou) avait valeur de symbole et a forcément pris une dimension politique. Mais il s’agit avant tout d’un sommet de l’histoire du sport. Même s’il ne faut jamais sous-estimer le hockey universitaire américain, c’est un peu comme si une équipe d’amateurs avait gagné la coupe du monde de foot, impensable !

 J’ai vu ce match quand j’étais gosse. Lorsque j’y repense, j’en ai encore des frissons. J’avais le sentiment que le monde entier s’était arrêté de vivre et avait les yeux rivés sur cette patinoire. Je me souviens du regard énigmatique vers le ciel ou vers l’horloge (?) de Herb Brooks le coach des USA quand son équipe passe devant à 10 minutes de la fin. La suite est dantesque, les soviétiques manquent d’égaliser une dizaine de fois mais Jim Craig, le gardien américain qui ce soir là est touché par la grâce, multiplie les miracles.

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Quelques jours plus tard, les USA une nouvelle fois menée au score, battent la Finlande et ravissent le titre olympique aux soviétiques qui le détenait depuis 1964.

Au delà du fait qu’il représente un moment exceptionnel de l’histoire du sport, ce qui interpelle dans Miracle on Ice, c’est la façon dont un contexte émotionnel peut transcender un collectif et lui permettre de réaliser quelque chose de complètement improbable.

Les 400 coups

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Ce n’est pas eux que je voulais photographier mais ils sont passés dans le viseur de mon Minox en faisant les malins alors j’ai déclenché. J’aime la joie de vivre qui se dégage de la photo. Elle me fait penser au film les 400 coups.

Vous entendez ? C’est le bruit de votre monde qui s’effondre !

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Paroles prononcées par la Commission Sexta de lEZLN lors de la clôture de la Première Rencontre continentale des peuples indiens d’Amérique.

 

Autorités traditionnelles de la tribu Yaqui à Vicam,

Dirigeants, représentants, délégués, autorités des peuples originels d’Amérique réunis à l’occasion de cette Première Rencontre des peuples indiens d’Amérique,

Hommes et femmes, enfants et anciens de la Tribu Yaqui,

Observateurs et observatrices du Mexique et du monde,

Travailleuses et travailleurs des moyens de communication,

Sœurs et frères,

Grandes sont les paroles qui ont pu être écoutées dans cette rencontre.

Grands sont les cœurs qui ont soufflé vie à ces paroles.

Les souffrances de nos peuples ont été nommées par ceux-là mêmes qui les éprouvent depuis 515 ans :

La spoliation et le vol des terres et des ressources naturelles, aujourd’hui revêtus des habits neufs de la « modernité », du « progrès », de la « civilisation », de la « mondialisation » ;

L’exploitation de centaines de milliers d’hommes, de femmes, d’enfants et d’anciens qui renoue avec l’époque et les méthodes des encomiendas et des grandes haciendas des temps où les divers royaumes d’Europe imposèrent leur loi par le sang et par le feu ;

La répression que les armées, les polices et les groupes paramilitaires emploient, comme seule réponse à nos exigences de justice, identique à la répression que les troupes des conquistadores employèrent pour exterminer des populations entières ;

Le mépris que nous recevons à cause de notre couleur, de notre langue, de notre façon de nous habiller, de nos chants et de nos danses, de nos croyances, de notre culture et de notre histoire, exactement comme il y a 500 ans quand on se demandait si nous étions des animaux qu’il faudrait domestiquer ou des fauves qu’il faudrait exterminer et que l’on se référait à nous en parlant d’inférieurs ;

Les quatre roues du chariot de l’argent, pour parler les termes des Yaqui, qui roulent à nouveau sur le chemin formé du sang et de la souffrance des peuples indiens du continent.

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Comme avant, comme il y a 515 ans, comme il y a 200 ans, comme il y a 100 ans.

Quelque chose a cependant changé.

Jamais auparavant la destruction n’avait atteint un tel degré et n’avait été aussi irrémédiable.

Jamais auparavant la brutalité déployée contre les terres et les personnes n’avait atteint de telles proportions et n’avait été aussi incontrôlable.

Et jamais auparavant la bêtise des mauvais gouvernements dont pâtissent nos pays n’avait été aussi grande et aussi omniprésente.

Parce que ce qu’ils tuent, c’est la terre, la nature, le monde.

Sans plus aucune logique dans le temps et l’espace, les catastrophes dues aux tremblements de terre, à la sécheresse, aux ouragans ou aux inondations apparaissent aujourd’hui dans l’ensemble de notre planète.

On prétend qu’il s’agit de catastrophes naturelles alors qu’en réalité elles ont été provoquées, par la bêtise sans commune mesure des grands trusts multinationaux et des gouvernements qui sont leurs fidèles serviteurs dans nos pays.

Le fragile équilibre de la nature qui a permis au monde d’exister des millions d’années durant est sur le point d’être à nouveau rompu, mais
cette fois définitivement.

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En haut, on ne fait rien, si ce n’est de débiter de belles déclarations aux moyens de communication et de créer d’inutiles commissions.

Ces faux chefs et ces mauvais gouvernements ne sont que des idiots célébrant les maillons de la chaîne qui les tient sous son emprise.

Chaque fois qu’un gouvernement encaisse un prêt de capitaux des fonds internationaux, il le présente comme une victoire, à grand frais de publicité dans les journaux, les revues, la radio et la télévision.

Nos gouvernements actuels sont les seuls dans toute l’histoire à fêter leur servitude, à la remercier d’exister et à en bénir les mannes.

Et on prétend que ce n’est que pure démocratie que le Commando de la destruction se trouve à la disposition des partis politiques et des caudillos.

« Démocratie électorale », c’est le nom que donnent tous ces chefaillons à la lutte effrénée pour pouvoir vendre notre dignité et poursuivre la catastrophe mondiale.

Là haut, au sein des gouvernements, il n’y a aucun espoir à attendre.

Ni pour nos peuples indiens, ni pour le travailleur de la campagne et de la ville, ni pour la nature.

Pour accompagner cette guerre en règle contre l’humanité, un gigantesque mensonge a été érigé.

On nous dit, on nous répète, on nous inculque, on nous impose que l’histoire du monde devait aboutir à ce lieu où commande l’argent, où ceux d’en haut devaient vaincre et où nous, la couleur de la terre que nous sommes, nous devions perdre.

De sorte que la monarchie de l’argent se présente comme l’aboutissement des temps, la fin de l’histoire, la réalisation de l’humanité.

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À l’école, dans les médias, dans les instituts de recherche, dans les livres, le grand mensonge réaménage l’histoire et ce qui va de pair avec elle : l’espace et le temps, c’est-à-dire la géographie et le calendrier.

Ici, sur ces terres qu’ils ont appelée « le nouveau monde », ils ont imposé leur géographie.

Dès lors, il y eut un « Nord », un « Sud », un « Orient » et un « Occident », qui s’accompagnèrent des signes du pouvoir et de la barbarie.

Les sept points cardinaux de nos ancêtres (l’en haut, l’en bas, en face, l’arrière, un côté, l’autre côté et le centre), furent relégués à l’oubli et à leur place s’installa la géographie d’en haut avec ses divisions, ses frontières, ses passeports, ses « green cards », ses « minuteman », sa police de l’immigration et ses murs frontières.

Ils imposèrent aussi leur calendrier : pour l’en haut, les jours de repos et de relâchement, pour l’en bas, les jours de désespoir et de mort.

Et voilà qu’ils fêtent chaque 12 octobre le « Jour de la découverte de l’Amérique » quand c’est en réalité la date du début de la plus longue guerre de l’histoire de l’humanité, une guerre qui dure depuis 515 ans et qui a pour but de s’emparer de nos territoires et l’extermination de notre sang.

À côté de cette profonde et longue souffrance, on a également nommé la rébellion de notre sang, l’orgueil de notre culture, notre expérience de la résistance, la sagesse des plus anciens d’entre nous.

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Dans cette rencontre, il a été regardé en arrière et très loin.

La mémoire a constitué le fil invisible qui unit nos peuples, ainsi que les montagnes qui courent d’un bout à l’autre de notre continent et bordent ces terres.

Ce que d’aucun nomment « un songe », « une utopie », « une chose impossible », « de doux désirs », « du délire », « de la folie », ici, sur la terre du Yaqui, on l’a évoqué sur un autre ton, dans une autre idée.

Or il existe un nom pour dire ce dont nous avons parlé et que nous avons écouté dans tant de langues, de temps et de manières.

Il existe un mot qui remonte aux origines de l’humanité, qui montre et définit les luttes des hommes et des femmes de tous les endroits sur cette planète.

Ce mot, c’est « LA LIBERTÉ ».

C’est ce que nous voulons en tant que peuples, nations et tribus originels : la liberté

Or la liberté est incomplète sans la justice et sans la démocratie.

Rien de tout cela ne peut être fondé sur le vol, la spoliation et la destruction de nos territoires, de notre culture, de nos peuples.

Un monde sans chefaillons, voilà ce qui semble impossible à imaginer pour les gens de nos jours.

Comme si la terre avait connu depuis toujours quelqu’un qui impose son pouvoir sur elle et sur les gens qui la travaillent ; comme si le monde ne pouvait jamais être à l’endroit.

Ce sont les peuples premiers qui portent un regard sur leur passé et qui en conservent et préservent la mémoire qui savent pertinemment qu’un monde sans dominants ni dominés est possible, un monde sans capital, un monde meilleur.

En effet, quand nous brandissons notre passé, notre histoire et notre mémoire comme étendard, nous ne cherchons pas à revenir aux temps révolus mais à construire un avenir digne, humain.

Nous être rencontrés est la réussite principale de cette réunion.

Il reste encore beaucoup à faire, à discuter, à accorder, à lutter. Mais ce premier pas constituera une bouffée d’air frais pour la souffrance de la couleur de la terre que nous sommes.

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Dans le calendrier que nous commençons à égrener, dans la géographie que nous avons convenue, une gigantesque subversion se poursuit.

Aucun manuel n’enseigne ses méthodes et ses moyens, on les trouvera dans aucun livre de recettes, auprès d’aucun dirigeant de pupitre d’écrivain ou d’académie.

En revanche, il y a l’expérience des peuples originels, à laquelle s’ajoutent aujourd’hui le soutien et la détermination des travailleurs de la ville et de la campagne, des jeunes hommes et des jeunes femmes, des personnes âgées, des autres amours, des petits garçons et des petites filles; de toutes celles et de tous ceux qui savent que ce monde n’aura plus aucune chance d’exister si ce sont ceux d’en haut qui gagnent cette guerre.

La rébellion qui secouera ce continent n’empruntera pas les voies et le pas des rébellions antérieures qui ont changé le cours de l’histoire : elle sera autre.

Alors, quand s’apaisera le vent dont nous aurons pris la forme, le monde n’aura pas achevé son long voyage, bien au contraire, avec toutes, avec tous, l’occasion apparaîtra de construire un lendemain où toutes les couleurs que nous sommes auront leur place.

À ce moment du calendrier que nous élaborerons, en ce lieu de la nouvelle géographie que nous édifierons, la Lune modifiera la question qui est sur ses lèvres quand elle point à l’horizon et retrouvera le sourire qui annonce la rencontre de la lumière et des ténèbres.

De Vicam, Sonora, Mexique, octobre 2007

Sous commandant insurgé Marcos

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Traduit par Ángel Caído. Diffusé par le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL, Paris)